Il y a d’abord la route d’accès routière prolongeant la voie rapide Sousse - El kantaoui, qui après la Sebkha Halk El Menjel, longe de belles criques souvent désertes, bordées de belles falaises et encadrées de rochers. Sur sept kilomètres elles ourlent le rivage.
Et puis soudain, au débouché d’une longue ligne droite légèrement pentue, surgit le village perché sur son éperon rocheux : ravissante tâche blanche sur un horizon d’azur. Ainsi se dévoile Hergla pour qui l’aborde par le Sud, via le bourg agricole et balnéaire de Chott Mariem. Située à vingt-sept kilomètres au Nord de Sousse, cette charmante localité rurale peut se targuer, en effet, d’occuper un des plus admirables site naturel et historique du littoral sahélien. Bâtie sur le rebord d’une falaise surplombant la mer, elle constitue le but d’une belle promenade et offre au visiteur en quête de pittoresque et d’authenticité de quoi étancher largement sa soif de découverte. La blancheur éclatante des constructions qui se pressent autour de la place centrale, le cimetière marin à flanc de colline, le petit port de pêche qui le jouxte, le bleu intense de la Méditerranée baignant l’ensemble composent un paysage tout simplement envoûtant, un havre de paix, un îlot d’éternité.
Ses dimensions actuelles sont cependant loin de refléter un passé riche et très ancien. Hergla tire son nom de l’antique Horrea Calea, cité romaine qui gagna de l’importance et devint prospère à partir du 3ème siècle de notre ère. Grâce à sa façade maritime bien à l’abri et à ses nombreux magasins de stockage, elle servait alors de grenier et de port d’exportation des céréales de l’arrière-pays. Les vestiges archéologiques mis à jour ne représentent qu’une infime partie des richesses que recèle en réalité le sous-sol. Ils constituent néanmoins un précieux témoignage sur le rôle joué par Hergla durant l’Antiquité. Les témoins aujourd’hui encore visibles s’étalent à l’entrée du village en bordure de mer. Il s’agit pour l’essentiel des restes de maisons et de thermes privés, de pavements de mosaïques polychromes, d’une basilique chrétienne et d’une nécropole, le tout remontant à l’époque romaine tardive – du 4ème au 6ème siècle. Il ne subsiste plus rien en revanche de la citadelle byzantine du 6ème siècle, ni de l’ancien ribat musulman du 9ème siècle. Il faut dire que de nombreux vestiges avaient servi au fil des siècles à construire les maisons de la localité actuelle.
Au sommet de la falaise, dominant la mer et toute l’agglomération se dresse le plus bel édifice de Hergla. Sa mosquée reconstruite au 18 ème siècle sur le tombeau de Sidi Bou Mendil, saint patron du lieu depuis le 10ème siècle. Sa coupole rayonnante de majesté s’inspire du mode de construction romain ; des voûtes légères reposant sur des tuyaux de terre cuite.
La petite place derrière le monument est bordée de quelques boutiques qui perpétuent l’art ancestral : la fabrication, à partir des fibres d’alfa, de divers articles de sparterie ainsi que les scourtins utilisés comme filtres dans les presses à huiles de la région.
Bien que desservie par trois grands axes routiers et située au bord du littoral Hergla est le chef-lieu de la délégation la moins peuplée du gouvernorat. L’activité économique y a certes progressée, car à ses anciennes fonctions agricoles et artisanales sont venues s’ajouter celles liées au développement d’un embryon de secteur industriel et de son port de pêche de plus en plus actif. Mais ces quelques innovations n’ont entraîné aucun bouleversement notable dans la vie paisible du village dont la magie opère instantanément. Car il a réussi à préserver l’essentiel ; un site splendide, un cachet typique, une identité profonde et une mémoire. Bref une âme
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